Pour la Journée de la femme, je vous confie ce petit texte que j’ai écrit. J’espère que cela vous plaira !
Le jour où j’ai osé..
Imaginez, j’ai 15 ans. Je suis une jeune fille, tellement timide qu’elle devient rouge pivoine rien qu’à l’idée de dire bonjour à un inconnu. Je voue une admiration sans borne à mon père, magicien célèbre. Mais on se parle peu, il a un caractère bien trempé. Pourtant, ce jour-là, je prends une décision qui va changer le cours de ma vie : moi qui n’ose jamais le déranger, je frappe à sa porte. Alors qu’il ne m’a jamais montré de tours étant enfant, je lui dis : « Papa, je veux que tu m’apprennes la magie. ». Pour être sûr de ma motivation (pour rien au monde il n’aurait voulu que je fasse de la magie juste pour faire comme lui !), il m’a d’abord montré un seul tour (et pas le plus facile) et m’a confié un petit livre d’apprentissage assez ardu. J’ai bossé. Donc il m’en a appris un deuxième… etc. Je pense que j’ai dû travailler plus dur que quiconque pour lui prouver que je n’avais pas agi par simple envie de lui faire plaisir ! Mais j’ai osé et aujourd’hui je suis magicienne.
Maintenant j’ai 18 ans. On est à quelques mois du Bac et les études se passent bien. Mais je décide de quitter l’école. Terminé, point final. J’ai mieux à faire. Mon père vient de racheter la plus ancienne boutique de magie du monde, là-même où il a acheté ses premiers tours de magie. Pas question de laisser passer ma chance : je veux le suivre dans cette aventure. Et tant pis pour ceux qui pensent que c’est une folie. J’ai osé et aujourd’hui, bientôt 30 ans plus tard, la boutique est toujours là.
Ma vie se dessine : je vais être magicienne ! Est-ce que je mesure à ce moment toutes les fois où je devrai oser ?
Est-ce que je me rends compte de ce que ça veut dire de se lancer dans un métier à 98% masculin ? Où personne ne m’attend. Et où l’on pense que je ne serai jamais que « la fille de » ?
Est-ce que j’imagine que je me retrouverai souvent devant des publics majoritairement composés d’hommes qui ne penseront qu’à mes atours féminins plutôt qu’à mes qualités artistiques ? Qu’il faudra que j’apprenne parfois à les remettre fermement à leur place ?
Non, ça je le découvrirai plus tard, mais j’ai choisi. Et ce que je sais, c’est que faire un choix a des conséquences, des implications. Et d’avance je les assume, connues et inconnues.
Photo @zakarybelamy_photography